Les organisateurs de la soirée de bienfaisance ‘Rêver Oser Faire’ avaient tablé sur une centaine de participants, en espéraient quelque 200, mais n’osaient pas imaginer que plus de 250 personnes seraient finalement présentes.
Ce fut un beau programme avec les témoignages du chocolatier Dominique Persoone, de la journaliste de la VRT Loubna Khalkhali et de l’ancien président du Conseil européen Herman Van Rompuy, qui est également président du conseil consultatif de notre Fondation. Le violoncelliste Emiel Vertongen a apporté une touche musicale. En tant qu’ambassadrice de longue date de notre Fondation, Katleen Cools, journaliste et présentatrice de Terzake à la VRT, était l’hôtesse parfaite.
Pascale Van Assche, membre adjoint du conseil d’administration de la Fondation, qui revient d’ailleurs d’une visite de travail au Bénin, a brièvement retracé l’histoire de la Fondation. Créée en 1982 après le décès d’Hubert (Hubi) Adriaens et de Vinciane Van Assche, la Fondation est devenue en quarante ans un partenaire de développement renommé au Bénin. Alors qu’à l’origine, elle investissait principalement dans le domaine de la santé par l’intermédiaire de l’hôpital où Hubi était actif, elle est aujourd’hui également active dans les domaines de la nutrition, de l’éducation et de la formation, de l’agriculture, de l’agroécologie et de l’entrepreneuriat.
Ce dernier domaine, l’entrepreneuriat et en particulier l’entrepreneuriat féminin, était précisément le thème et le fil conducteur de la soirée de bienfaisance.
« Devons-nous poursuivre sur cette lancée ? Que fait le gouvernement ? », a demandé Kathleen Cools.
Le gouvernement béninois investit. Le réseau routier, par exemple, s’est amélioré ces dernières années. Cependant, le soutien d’organisations comme la nôtre reste indispensable pour renforcer la population locale. En tant que Fondation, nous finançons toutes nos activités grâce à des financements de projets spécifiques et à des dons de particuliers et d’entreprises ». Le montant annuel concerné est d’environ 300 000 euros. La quasi-totalité de ce montant (plus de 95 %) est directement investie dans les projets au Bénin.
Comment renforcer l’esprit d’entreprise au Bénin et par extension en Afrique ?
Dominique Persoone, chocolatier de renom, en a fait l’expérience. Avec le prince Emmanuel de Merode, il a construit il y a quelques années une chocolaterie dans le parc des Virunga. Leur objectif : offrir aux producteurs de cacao locaux un prix équitable – le prix qu’ils reçoivent a doublé au cours des six derniers mois – et créer des emplois. Au lieu d’acheter des machines d’emballage coûteuses, des dizaines de femmes travaillent comme emballeuses. Seuls des ingrédients locaux sont utilisés dans la production. Rien n’est donc importé. En outre, l’intégralité des recettes de l’usine est réinvestie à 100 % au niveau local. L’usine est aujourd’hui dix fois plus grande qu’à ses débuts et l’exportation est progressivement envisagée.
Dominique veut surtout faire travailler les gens. En outre, localement, le chocolat est vendu à un prix très bas. Les personnes qui ont des fèves de cacao dans leur jardin depuis des années ont donc la possibilité de goûter au chocolat, souvent pour la première fois de leur vie.
Pour Herman Van Rompuy, l’infrastructure et l’impact sur la logistique au Bénin reste un point de douleur et de travail. Ces dernières années, l’Union européenne et les pays européens ont en effet investi dans les infrastructures, l’agriculture, l’éducation, les soins de santé, etc. Il est étrange que non pas les pays africains voisins mais l’UE soit le plus grand partenaire commercial !
Des femmes entreprenantes ?
Loubna Khalkhali espère surtout inspirer d’autres femmes. La société patriarcale est très ancrée en Afrique. C’est en partie pour trouver une réponse à ce problème qu’elle a étudié l’arabe et l’islam. Les jeunes femmes ont besoin de modèles. Par son travail de journaliste dans un secteur dominé par les hommes, elle espère y contribuer. Lors d’un reportage qu’elle a réalisé sur le tremblement de terre au Maroc, elle a pu observer comment les femmes sont les bastions de maintien de la société locale dans les villages détruits.
Dominique Persoone remarque également une grande résilience chez les femmes qui travaillent dans la chocolaterie. Nombre d’entre elles sont des veuves de gardes forestiers accidentés ou assassinés, avec beaucoup d’enfants. Elles restent pourtant positives.
Si l’émancipation, les droits des femmes, l’égalité sont des éléments importants qui doivent être promus, une certaine humilité s’impose, explique Herman Van Rompuy. Chez nous, le droit de vote pour les femmes n’a été introduit qu’en 1948. Et jusqu’au début des années 1960, les femmes travaillant dans l’enseignement n’avaient pas le droit de se marier.
Selon lui, il ne peut y avoir de prospérité économique pour l’Afrique tant que la croissance démographique n’est pas freinée. Aujourd’hui, le continent africain compte 1,2 milliard d’habitants. Si la croissance démographique se poursuit au même rythme, ils seront 4 milliards à la fin de ce siècle. En outre, c’est l’Afrique qui souffre le plus du réchauffement climatique. Si aujourd’hui c’est déjà le continent le plus pauvre (revenu par habitant), il dispose d’une importante base de ressources qui font de l’Afrique un continent convoité. Cependant, la stabilité politique nécessaire fait défaut dans la plupart des pays africains. Heureusement, le Bénin fait figure d’exception avec un président qui se soucie réellement du développement du pays.
Réflexion finale
Dominique Persoone croit avant tout au tangible. Les résultats concrets sont une source de motivation. Il a également créé récemment une école où les femmes et les hommes peuvent apprendre un métier.
Enfant, Herman Van Rompuy a vécu un an au Congo belge. Plus tard, c’est là qu’il a rencontré sa femme, dans un avion au-dessus du lac Victoria. Son lien avec l’Afrique est véritable et il n’a pas hésité une seconde lorsque Pascale lui a demandé de devenir président du conseil consultatif. De ses visites en Afrique, il retient surtout l’enthousiasme et la joie de vivre des gens. C’est pour eux qu’il veut rester engagé.
Loubna Khalkhali trouve réconfortant que des initiatives telles que la soirée de bienfaisance aient lieu. Il se passe tellement de choses terribles aujourd’hui mais il y aussi beaucoup de gens qui veulent faire quelque chose de bien.
Cerise sur le gâteau, les participants ont pu découvrir en avant-première un extrait du fascinant reportage réalisé par le réalisateur Andreas Jansen de 28VISUALS sur la visite du chanteur belge Ian Thomas aux projets de notre Fondation.
La soirée a permis de récolter 13 445 euros, une somme qui sera entièrement investie dans nos projets de promotion de l’entrepreneuriat féminin.
Merci aux dons de tous les sympathisants et aux nombreux sponsors : Vandemoortele, Ritchie, Van der Poorten, UCLL Hogeschool, Elsen Kaasambacht, Portal Azenha, Dormaal Farm Brewery et 28VISUALS.
Marci aussi à Bernadette Abts, Kathleen Cools, Peter Janssen et Neal Van Loock qui ont pris en charge l’organisation de la soi
Découvrez également les images d’ambiance de cette soirée dans la galerie photos..