La famine est une menace pour l’humanité. Aujourd’hui, 220 millions d’hommes, femmes et enfants souffrent d’un manque d’alimentation. Les enfants et les femmes enceintes sont les plus vulnérables. Si la détection de la sous-alimentation chez les enfants n’est pas facile, la malnutrition aiguë se distingue plus facilement lorsque le poids est insuffisant par rapport à la taille. Lorsqu’il s’agit d’une malnutrition chronique, la taille de l’enfant ne correspond pas à son âge.
Pour identifier cet état, il convient d’analyser systématiquement toutes les valeurs en fonction de l’âge. Sur le terrain, nous mesurons la circonférence du bras des enfants de 1 à 5 ans comme indicateur de leur état alimentaire.
En Afrique subsaharienne, près de 25% des enfants sont sous-alimentés. Au Bénin, 16% des enfants souffrent de malnutrition aiguë et 44% de malnutrition chronique.
Les causes de malnutrition sont diverses, dont un manque de nourriture variée, l’absence de soins médicaux, une hygiène défaillante, des soins inadaptés pour les enfants, la faible qualification des mamans. Les nourrissons qui ne sont pas exclusivement nourris au sein pendant les six premiers mois de leur vie sont particulièrement sensibles à la diarrhée, une des causes de la sous-alimentation. Lorsque, après cette période idéale de six mois, les bébés reçoivent une nourriture pauvre en protéines, ils développent le kwashiorkor qui se présente chez les enfants qui absorbent suffisamment de calories mais trop peu de protéines. Kwashiorkor, est un terme swahili qui désigne la maladie du sevrage en référant au rouge et à la tristesse. Ces enfants souffrent d’un ventre gonflé dû à la retenue d’eau, ont des cheveux décolorés et défrisés et une perturbation de la pigmentation de la peau. Ils présentent des défaillances cardiaques et d’autres syndromes sérieux.
Les conséquences de la malnutrition sont sérieuses. Pendant les 1000 premiers jours de la vie, soit de la conception à l’âge de deux ans environ, l’environnement nutritionnel est extrêmement important pour le développement du cerveau. La malnutrition chronique dès le plus jeune âge va de pair avec un développement social et intellectuel déficient. La mémoire des cellules fait en sorte que les facteurs environnementaux du manque de nourriture se poursuivent par des changements sur l’ADN (épigénétique). Des études en épidémiologie (santé et maladie dans les populations humaines) et épigénétique (influences externes sur l’ADN) démontrent que les enfants portent plus tard les conséquences de la sous-alimentation et sont plus sensibles aux maladies et à une mortalité élevée. En Afrique subsaharienne, la sous-alimentation est responsable de 45% de la mortalité des enfants (<5 ans) qui souffrent de maladies qui pourraient être prévenues ou traitées comme la rougeole, la malaria, la méningite et la grippe intestinale.
Environ 10% de la population mondiale souffre de malnutrition, dont la majorité se situe en Afrique subsaharienne (220 millions).
Les moyens de réduire la sous-alimentation sont cependant simples : hygiène, eau potable, vaccins préventifs, formation des parents, formation des professionnels de la santé, soins de la mère et de l’enfant, allaitement exclusif jusqu’à l’âge de six mois et disponibilité d’une alimentation variée contenant suffisamment de protéines. Le développement durable de sources d’alimentation locales dans l’agriculture, l’élevage et la pêche présentent des solutions.
prof dr Chris van Geet
« La mortalité infantile sous différentes maladies en fonction du degré de malnutrition »
Etude de Prentice et al, JCI 2008