Vendredi le 28 octobre
Le moment du départ est arrivé. Aujourd’hui, nous partons pour un voyage d’immersion au Bénin avec la Fondation Hubi & Vinciane. Pat, notre GO (Gentil Organisateur) pour ce voyage nous attend à Zaventem. Nous voyons certains compagnons de voyage pour la première fois, d’autres nous les connaissons déjà depuis le moment d’information préparatoire.
Après un vol de 7 heures, nous atterrissons à Cotonou, au Bénin. La chaleur humide nous submerge dès l’ouverture de la porte de l’avion. Nous sommes proches de l’équateur (700 km). Deux minibus et un pick-up emmènent l’ensemble du groupe à notre premier hébergement AMCES, le centre de congrès de l’organisation faîtière des hôpitaux privés du Bénin. Là, notre premier repas béninois composé de lapin, de poisson, de banane frite, de laitue, de riz et d’une savoureuse sauce aux légumes nous attend – ce que nous ne savions pas à l’époque – pour être servi presque quotidiennement.
Samedi le 29 octobre
Après une nuit chaude et moite – il y a un ventilateur, mais pas d’électricité – nous commençons la partie « culturelle et historique » du voyage d’immersion. Nous avons tous le nez collé à la fenêtre : tant d’impressions, tant de couleurs, tant de poussière, tant d’agitation …
Notre première excursion nous emmène à Ouidah, la capitale spirituelle du vaudou, où nous visitons le temple du python vaudou. Le serpent python y est vénéré comme une force bénigne (et combattant les parasites dans les champs, ce qui est également inclus). Nous rencontrons de beaux spécimens dans un temple et posons à tour de rôle avec un serpent autour du cou, ce qui donne de belles photos pour le retour.
Ouidah a également joué un rôle important dans le commerce des esclaves. De nombreux monuments et lieux rappellent l’horreur que des millions de personnes ont vécue à cet endroit : le marché où les esclaves étaient vendus, les « cases Zomaï » – une structure hermétiquement close et sombre comme la terre où les esclaves étaient enfermés pour s’habituer aux conditions de vie dans les navires négriers – la fosse dans laquelle les esclaves morts, malades et faibles étaient jetés, l’arbre de l’oubli et – enfin et surtout – « la porte de Non Retour ». Personne ne reste insensible à cette visite. Qu’est-ce que les gens sont capables de s’infliger ? Une pure horreur qui a duré pendant plusieurs siècles.
Le soir, nous mangeons au ViaVia Travel Café à Grand Popo, sur la côte, où les jeunes de la région sont formés aux métiers de l’hôtellerie. Ils y travaillent en cuisine, au restaurant, à la réception et au service d’étage, apprenant leur futur métier. Après un an et quelques tests réussis, ils reçoivent un diplôme. La Fondation Hubi & Vinciane a notamment investi dans l’infrastructure d’hébergement et de réunion. Un hébergement absolument magnifique. Pour nous il est surtout, fascinant de voir les étudiants au travail.
Dimanche le 30 octobre
Aujourd’hui, une visite à « La Bouche du Roy » est au programme. Nous faisons une excursion en bateau jusqu’à l’embouchure du fleuve Mono dans l’Océan Atlantique, où nous passons par de magnifiques forêts de mangroves et où nous explorons des îlots où des milliers d’oiseaux viennent se reproduire. Cerise sur le gâteau, nous nous rendons sur « l’île du sel » où les habitants pratiquent l’extraction traditionnelle du sel. Après avoir acheté plusieurs kilos de sel, nous nous régalons de noix de coco fraîches….. Incroyable de voir comment de (très petits) garçons et filles « décapitent » des noix de coco avec de (très grandes) machettes en un seul coup de main. En route, nous voyons des pêcheurs au travail : l’ensemble du village est appelé à la rescousse pour remonter les filets géants.
Plus tard nous nous dirigeons vers l’intérieur des terres : à Possotomé sur le lac Ahémé, le » Chaudfontaine » du Bénin. On n’y va pas pour l’eau – qui est d’ailleurs très bonne – mais pour une promenade dans la Forêt Sacrée. Via une petite déviation, notre guide nous emmène au marché du troc où nous sommes régalés d’une douceur locale. Cinq brillants garçons de dix ans marchent avec nous pendant tout le trajet et parlent sans cesse de leur village, de leur école, de leur maison….. Une sérieuse « révélation » pour la plupart d’entre nous ….
Le soir, nous séjournons à « Chez Theo », un hôtel unique construit comme un ensemble de maisons sur pilotis sur l’eau.
Lundi le 31 octobre
Une visite des palais royaux d’Abomey, une série impressionnante de palais construits au fil des siècles par les maisons royales successives, est prévue pour notre dernière journée « culturelle ». Une visite incontournable pour tout visiteur du Bénin. Pieds nus – on nous a demandé d’enlever nos chaussures par respect pour le roi qui se trouvait à proximité – nous avons exploré les palais de Guézo et de Glélé, vu des trônes et des armes anciennes et appris ce qu’étaient les « déchargements », synonymes de décapitation. Avec des chaussures et la tête bien sur nos épaules, nous avons continué notre voyage vers l’intérieur du pays jusqu’à Dassa pour une dernière étape avant de partir pour Parakou, où la Fondation a son siège.
Mardi le 1er novembre
Alors que les principales routes d’accès sont en assez bon état – de nombreux investissements ont été réalisés dans les infrastructures ces dernières années – ce n’est plus le cas dès que l’on s’engage sur une route secondaire. Des routes poussiéreuses, avec beaucoup de nids de poule et de dénivelés… Entre les deux, des dizaines de personnes marchant avec de grandes bassines d’eau plombées sur la tête ou des tas de branches sur le dos. En cours de route, nous nous arrêtons dans un village où Eric, le nutritionniste de la Fondation, donne une formation sur l’importance de l’allaitement maternel aux dames du village. L’accueil est chaleureux et enthousiaste, avec des danses et des chants, bien sûr….. Notre premier contact avec l’hospitalité, l’enthousiasme, le rythme et la joie de vivre africains ….
Ici on apprend à relativiser les choses. Ici les villages sans électricité ni eau courante sont monnaie courante. Pour avoir de l’eau, les gens doivent marcher des kilomètres, la cuisine se fait sur un feu ouvert dans une grande marmite, la nuit il fait très noir… Peu d’occidentaux pourraient supporter cette vie.
Nous avons continué notre route vers le Centre de Santé de Kassouala, un village proche de la frontière nigérienne. Ce centre, qui est associé à l’hôpital de Papané, a été entièrement rénové par la Fondation avec des subventions de la province de Flandre occidentale. Une infirmière et un assistant soignant administreront les soins primaires aux nombreux villageois présents. Pascal Van Assche, sœur de Vinciane et directeur délégué de la Fondation, coupe le ruban inaugural en compagnie d’Emile Kouthon, médecin-directeur de l’hôpital de Papané.
En fin d’après-midi, nous visitons le CIAP, le Centre d’Innovaction de Parakou, le siège de la Fondation au Bénin, où nous rencontrons l’équipe locale ainsi que ses rêves.
Mercredi le 2 novembre
Aujourd’hui, nous mettons le cap sur Papané. En chemin, nous nous arrêtons à Tchaorou pour une audience avec le maire, et avec le roi (régional). Nous nous rendons ensuite à Saint-Martin, l’hôpital où tout a commencé. Hubi y travaillait comme directeur médical lorsque lui et Vinciane, sa fiancée, se sont écrasés en 1982. Un monument que l’hôpital a érigé à la mémoire de Hubi et Vinciane contient toutes les lettres qu’ils se sont écrites. Vraiment touchant. A l’intérieur il y a aussi une photo de pepe Piet, le papa de Vinciane et Pascale qui est à l’origine de la Fondation.
À l’hôpital, nous visitons différents services, rencontrons des infirmières et des médecins et avons également un contact prudent et discret avec certains patients. Tout y est si différent. Les patients ne reçoivent que des soins médicaux. Pour la nourriture, l’hygiène, le lavage des vêtements et des draps… ils dépendent de leurs proches. Autour et entre les bâtiments, il y a donc foule. Les équipements de l’hôpital ont l’air bien rangés mais rouillés. Ce serait dû à l’eau de javel qu’ils utilisent au litre pour tout nettoyer. Pour les autres produits qui n’endommagent pas le métal, les ressources manquent.
Jeudi le 3 novembre
À l’occasion du 40e anniversaire de la Fondation, une « caravane », cortège dans les rues de Papané, a été organisée. Avec les dignitaires locaux et les sympathisants, accompagnés par un Brass Band et quelques chevaux dansants, nous nous dirigeons vers la mairie de Parakou. En route, nous avons de nombreux spectateurs. Les gens marchent et dansent spontanément avec la caravane. La presse y est également présente en grand nombre. A l’hôtel de ville, le représentant du maire et le président de la Fondation, Gilles de Kerchove ainsi que Pascale Van Assche, prononcent un bref discours. En attendant, le reportage diffusé sur la télévision béninoise peut être consulté sur le site web et le compte Facebook de la Fondation.
L’après-midi, nous avons été invités au CIAP où Eric, notre nutritionniste, ainsi que quelques mamans, nous ont préparé un repas équilibré et sain (et surtout très savoureux).
Après une courte pause, nous visitons l’université de Parakou où les professeurs Rodrigue DJOGO et Ibrahim TOKO nous font visiter la faculté d’agriculture. La Fondation a en effet réalisé d’importants investissements dans des équipements d’essai pour la recherche sur le sol et l’eau et dans la recherche sur l’aquaponie (combinaison de la pisciculture et de la culture de légumes).
Le soir, nous répétons nos danses. Après tout, nous visitons les écoles vendredi et nous ne voulons pas nous ridiculiser. Sous la direction experte de Thomas et Ella, tout le groupe apprend la danse carrée « In Zaire » de Johnny Wakelin et « Het Smidje » de Laïs.
Vendredi le 4 novembre
Aujourd’hui, il y a d’abord la visite d’une école. Malheureusement, il n’y a pas d’étudiants car c’est la journée pédagogique. Les directeurs sont satisfaits du matériel pédagogique que nous apportons. Nous visitons ensuite le village voisin où se trouvent la machine à éplucher le riz et l’entrepôt donnés par la Fondation, quelques petits jardins potagers et un grand jardin potager communal où la coopérative de 15 femmes fait un travail remarquable.
Nous nous dirigeons ensuite vers l’hôpital Saint-Jean-de-Dieu de Boko. La Fondation y a récemment investi dans la salle de réveil. Le bâtiment est inauguré solennellement par la direction et par Pascale Van Assche. La visite donne une bonne idée des différents services de l’hôpital. Là encore, les membres de la famille campent près de l’hôpital pour s’occuper de « leurs » patients.
Dans la deuxième école, les élèves sont joyeusement présents. L’accueil est tellement chaleureux. Des enfants enthousiastes qui, après quelques hésitations, entrent dans la danse aux sons de « Het Smidje » de Laïs. Ils s’amusent probablement de nos pas de danse, qui semblent sans doute maladroits comparés aux leurs.
L’après-midi, nous nous arrêtons à la ferme de formation de Sokounon où la Fondation a réalisé plusieurs investissements importants tels que la construction d’un château d’eau, des logements pour les stagiaires, un entrepôt et une boutique, un programme d’élevage de chèvres …
Le soir, il y a « la fête » autour du 40e anniversaire de la Fondation. De nombreux dignitaires, partenaires et sympathisants sont descendus spécialement dans la salle de bal pour célébrer avec nous. Et nul autre que notre tout nouvel ambassadeur, le batteur Angelo Moustapha, nous a offert une performance privée. La nourriture est délicieuse, la musique est géniale et l’atmosphère est bienfaisante.
Samedi le 5 novembre
Un très long trajet en bus en perspective : de Parakou à Cotonou … Notre chauffeur, il faut le dire, conduit très prudemment. Il l’a fait toute la semaine d’une manière incroyablement consciencieuse. Et notre GO l’a fait brillamment aussi. Il n’était pas toujours évident de rassembler et de garder tous les moutons ensemble, mais malgré cela, nous n’avons jamais eu d’ennuis (sérieux) nulle part.
Dans l’après-midi, nous nous arrêtons au Marché Artisanal où nous faisons le plein de beaux souvenirs à vendre au marché de Noël en Belgique, pendant la Corrida, ou tout simplement pour la maison, pour la famille, les amis ….
Le soir, un bon dîner avec tout le groupe. L’adieu s’approche….
Dimanche 6 novembre
Un dernier voyage à Ganvié, un village construit entièrement dans l’eau sur des pilotis, qui compte 20 000 habitants. Impressionnant, improbable….
Après un tout dernier déjeuner ensemble, nous partons pour l’aéroport. Nous ne sommes pas encore partis et le Bénin et les autres nous manquent déjà.
Un dernier message de tous les voyageurs de l’immersion de novembre 2022 : Le Bénin, nous reviendrons !