Kobe Ilsen – Visiter le meilleur et le moins bon des pays

Visiter le meilleur et le moins bon des pays est l’idée d’un programme télévisé sur la première chaîne flamande. L’émission sur l’Enseignement nous a conduit non seulement à Singapore où se trouvent les meilleures écoles du monde, mais aussi au Bénin. Et vous devinez déjà pourquoi. En effet, l’enseignement y est le plus mauvais du monde, c’est un des pays les plus pauvres, coincé entre des conflits au sud de la bosse africaine. Un petit pays à faible densité de population, qui dispose de peu de ressources naturelles, aux routes poussiéreuses et où règnent de nombreuses maladies tropicales. C’est ce qu’on m’avait dit avant mon départ. C’était prometteur !

Je n’avais donc pas de grandes attentes en mettant pied à terre et me souciais plutôt de la santé de l’équipe et de la faisabilité de notre schéma de travail minuté. Après un long trajet et une panne de voiture, nous sommes arrivés à l’école moyenne, située en bordure de l’unique route digne de ce nom qui relie le nord au sud du Bénin. Nous y fûmes reçus chaleureusement et le sous-directeur enthousiaste nous a fièrement guidé dans son école, qu’il tâche de gérer le mieux possible avec les moyens disponibles.

Le jour suivant, nous avons suivi le jeune écolière Clarice tout au long de sa journée d’école. Lorsque nous arrivions à 7h du matin devant sa maison improvisée, elle était déjà partie chercher de l’eau. Elle est l’ainée d’une famille nombreuse et assume quasi toutes les responsabilités. Son père est décédé, sa mère travaille aux champs. Je puis vous assurer que je me suis senti tout petit face au courage de Clarice. Sa vie se résume à s’occuper des autres, en s’effaçant elle-même. L’épanouissement personnel, les ambitions ou les rêves cèdent la place à la cuisine, la lessive, à faire du feu et balayer.

Lorsqu’elle parlait trop longuement avec nous et que son travail était retardé, elle recevait des coups. Cette journée m’a fortement bouleversé. Comme tout mon voyage au Bénin d’ailleurs. Il m’a ouvert les yeux d’une manière qui vous arrive rarement au cours d’une vie. Le bruit du coup de fouet donné à une fillette qui voulait se reposer un instant dans le local d’Espoir d’Enfant me retentit encore toujours aux oreilles.

Lorsque, de retour dans ma réalité en Flandre, je ferme les yeux, je repense à la classe informatique improvisée, je me retrouve à côté de Clarice dans sa hutte sombre, je ressens l’indignation face à un tuteur qui fouette une fillette de 12 ans pour la renvoyer au travail au marché. Ces images sont enregistrées par notre caméra. Nous nous trouvions en pleine réalité béninoise. Grâce à Pascale et son organisation.

La Fondation Hubi & Vinciane aident des jeunes comme ceux que nous avons vu. Leurs partenaires sont les hôpitaux locaux, les écoles et une ferme de formation. Leurs projets proposent les soins indispensables à toutes les Clarices du Bénin. Sans la Fondation et ses bénévoles, l’Afrique noire serait encore plus sombre. Félicitation pour le travail réalisé. Je vous admire et je vous encourage.

Kobe Ilsen