A la fin de 2019, la Fondation, en collaboration avec la Faculté d’Agriculture de l’Université de Parakou et le Centre de Formation Ferme Sokounon, notre partenaire pour le programme agricole, a lancé le projet pilote aquaponie. L’aquaponie est une méthode qui permet de cultiver des poissons et des légumes de manière écologique. L’aquaponie combine de manière symbiotique l’aquaculture et l’hydroponie.
Afin d’explorer les possibilités de l’aquaponie au Bénin, nous avons installé avec nos partenaires 5 installations pilotes, achetées à la société sud-africaine La Pieus Aqua, sur 3 sites différents : 2 au Centre de Formation de la Ferme de Sokounon, 2 à la Faculté d’Agriculture de l’Université de Parakou et 1 au CIAP, le Centre d’InnovAction de Parakou de notre Fondation.
Le professeur Ibrahim Toko, directeur du laboratoire de recherche en aquaculture et écotoxicologie aquatique de l’université de Parakou, supervise plusieurs projets de recherche dans le but d’ optimiser l’application du système et de l’adapter au contexte local béninois. Certains de ses étudiants ont développé un prototype fabriqué à partir de matériaux locaux. Les résultats de la recherche sont prometteurs et d’autres tests dans les mois à venir devraient aboutir à un système mieux adapté aux besoins locaux du Bénin. Le système aquaponique suscite beaucoup d’intérêt de la part d’autres universités ainsi que des autorités locales.
Actuellement le moment est venu de passer à un échelon supérieur. Le professeur Toko et nous-mêmes étions très heureux que Stijn Van Hoestenberghe, docteur en bio-ingénierie et fondateur de l’une des plus grandes fermes piscicoles durables au monde, ait accepté de nous rejoindre au Bénin en avril 2021.
Après des années de recherche dans le monde entier et un doctorat à la KU Leuven sur la pisciculture durable, Stijn a fondé la société Omegabaars à Kruishoutem. Les perches oméga qui y sont élevées se nourrissent d’aliments pour poissons 100% végétariens, mis au point en collaboration avec la KU Leuven. En outre, la ferme piscicole ne gaspille pas d’eau. Grâce à un système circulaire révolutionnaire, la pisciculture est reliée à une exploitation de tomates : les serres recueillent l’eau de pluie qui remplit les bassins pour les poissons.
Les eaux usées excédentaires, riches en nutriments et contenant les excréments de poissons sont utilisées pour fertiliser les plants de tomates. De cette manière on évite une perte d’eau. La perche oméga se vend actuellement dans la plupart des magasins de Carrefour, Spar, Albert Heijn et Bioplanet.
Stijn a visité les différentes installations pilotes au Bénin. Il a eu de nombreuses réunions avec le professeur Toko et ses assistants. Il a également donné une conférence très suivie pendant laquelle il a souligné l’importance de l’extension des activités. Selon lui, les installations pilotes sont parfaitement appropriées pour expérimenter, apprendre, ajuster et affiner. A son avis l’avenir réside dans la production à une échelle beaucoup plus large. Il parle de bassins contenant des tonnes de poissons combinés à des hectares de terres horticoles. Cette approche fournira de la matière pour de nouvelles recherches dans les mois à venir et pour de nouveaux projets, dont les premiers ont été lancés pendant sa visite de travail.
Alexis Houdji, chercheur dans l’équipe du professeur Toko à la Faculté d’Agriculture de Parakou, est étroitement impliqué dans le projet d’aquaponie. Il confirme qu’elle a un impact positif non seulement sur la culture des poissons et des légumes, mais aussi sur l’environnement.
Avec Stijn et le professeur Toko, nous avons également eu une discussion passionnante avec Christian Guidibi, président de l’Association des Pisciculteurs du Bénin. Cette organisation compte plus de 800 membres qui sont très intéressés par l’exploration des possibilités de combiner les étangs piscicoles avec la culture de légumes.
Pour conclure la mission spéciale, la délégation a été invitée à une audience avec le Ministre de l’Agriculture, Gaston Dossouhoui, pour expliquer le projet d’aquaponie.
L’histoire de l’aquaponie sera certainement poursuivie ; ce qui est aussi grâce à Stijn. Le reportage vidéo donne quelques impressions de la visite de Stijn au Bénin en avril 2021.